Pour ce nouveau numéro de la newsletter des petits handi-explorateurs consacrée au voyage avec un enfant handicapé, Mélissa, AESH et mère de Mylan, enfant autiste, allie avec brio les mots handicap, vacances et petit budget. Peu de dépenses et vacances inoubliables, c'est le crédo de cette famille extraordinaire.
Pas besoin de partir à l'autre bout du monde et de dépenser des fortunes pour offrir des vacances inoubliables à ses enfants. Depuis plusieurs années, Mélissa, couturière devenue accompagnante des élèves en situation de handicap et Cédric, préparateur de commandes, offrent à leurs enfants des séjours au camping chargés de rires et de baignades. Mais les premières années ont été compliquées, car leur fils aîné, Mylan, est autiste.
Aujourd'hui âgée de 34 ans, Mélissa fait partie de ces mamans qui ont totalement changé de vie pour leur enfant. Après la naissance de Mylan, son fils aîné âgé de neuf ans, cette couturière de métier est devenue AESH, accompagnatrice des élèves en situation de handicap. Le petit garçon est sur le spectre du trouble autistique moyen, avec des troubles du langage et une suspicion de trouble déficit de l'attention (TDA). Sa motivation ? Les mauvais traitements subis durant le début de sa scolarité.
"Dès le jour de la rentrée de Mylan au CP, l'école ne voulait plus le prendre à la cantine. Il prend des récréations en décalé, enfermé seul dans un patio, doit manger seul également dans le patio à la vue de tous les élèves de la cantine... La directrice de l'école a fini par m'ordonner d'arrêter de travailler pour pouvoir mieux m'occuper de mon fils." Finalement, le petit garçon a été scolarisé en ITEP, Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique, et sa maman a décidé de devenir AESH, pour mieux l'aider, et pouvoir aider davantage d'enfants comme son fils.
Toutes les personnes qui travaillent dans des métiers liés au handicap le savent : les salaires sont loin d'être à la hauteur. Mais pas question pour Mélissa et son mari Cédric, de priver leurs enfants de vacances. Chaque année, c'est donc destination le camping pour Mylan et sa petite sœur Loéva, 6 ans, neurotypique. "Les finances ne nous permettent pas de partir bien loin. Souvent dans le sud, en camping la première ou la dernière semaine des vacances", explique Mélissa. "Nous sommes partis 2 ans dans des campings VACAF : vu que Mylan est handicapé, nous avons eu droit à -75% de réduction. Mais nous n’avons plus le droit à l’aide de la CAF donc nous partons dans des Capfun."
Des vacances calmes et reposantes avant tout, car Mylan a besoin de beaucoup de repos. "Le sommeil étant très important pour Mylan, s'il ne dormait pas suffisamment, la gêne pouvait mener à une crise autistique." Résultat, le programme est simple : du farniente, des jeux, et des baignades, à la piscine ou à la plage, le tout entrecoupé de siestes et de moments en famille. Et les enfants adorent : "C'est un voyage que l'on fait chaque année, car les enfants l'attendent toujours avec impatience. A la maison, ils jouent à "partir au camping".
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Très honnête, la jeune maman l'affirme : ces voyages ne dépassent pas leurs attentes. Mais ils sont malgré tout accompagnés de petites victoires, notamment liées au fait que leur fils apprend la patience et l'indépendance. "Il peut faire la queue tout seul pour le toboggan, attendre son tour, que le feu passe au vert..." Et ce, même si enfants comme adultes peuvent se montrer méchants avec le petit garçon apeuré. "Chaque année, nous pouvons tomber sur des enfants et même des adultes qui profitent de son handicap pour se permettre de lui passer devant, le pousser avec une petite moquerie en prime", regrette-t-elle.
"Je me souviens qu’un jour, on le laisse faire la queue tout seul, on l’attendait à la sortie du pentaglisse. On le voit arriver en haut, il se place devant un couloir et là on voit la panique… couinements et flapping (assez typique de l’autisme). Il ne voulait pas descendre, les gens (enfants et adultes) en ont profité pour lui griller la place. Malgré nos encouragements en bas, il ne voulait pas descendre… Heureusement une jeune fille l’a rassuré et il a fait sa descente en toboggan. C’était un moment extraordinaire, c’était une victoire, car il a fait les choses tout seul et malgré la panique il a accepté l’aide d’une inconnue. Nous avons bien évidemment remercié la jeune fille."
"La vraie difficulté est les interactions avec d’autres enfants. L’autisme est un handicap invisible si d’autres enfants viennent lui parler pour venir jouer, il ne répond pas voir fuit et s'il est « mal luné » peut avoir un comportement inadapté (grognements, repousser)", conclut Mélissa. "Chaque année, nous nous rendons compte que la tolérance aux personnes porteuses de handicap, visible ou non, est très extrême, soit les personnes l’acceptent très bien, soit elles sont totalement indifférentes voire même excluantes… Ma théorie est qu’il y a un manque d’information, et que les gens se basent sur des clichés."
Ce qui n'empêche pas la petite famille de préparer son prochain voyage, à l'étranger cette fois-ci : l'an prochain, destination le Portugal.
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